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Réduire l’écart entre les genres

Release Date: 22 Jan 2025
Closing the gender equality gap

22 janvier 2025 - Paris 2024 a été la première édition des Jeux Olympiques à atteindre la parité sur le terrain de jeu. Cette volonté se poursuit à l’occasion des Jeux Olympiques d’hiver de Milano Cortina 2026. Marie Barsacq et Diana Bianchedi exposent à Nancy Gillen pour la Revue Olympique comment les Jeux peuvent donner plus de pouvoir aux femmes dans le sport et la société.

Lors de la dernière journée des Jeux Olympiques de Paris 2024, la marathonienne néerlandaise Sifan Hassan a parcouru les rues de la capitale pour remporter la médaille d’or dans l’épreuve féminine. Quelques heures plus tard, elle était acclamée par des milliers de personnes en recevant sa médaille au cours de la cérémonie de clôture au Stade de France.

Jusqu’alors, c’était traditionnellement le marathon masculin qui se déroulait le dernier jour des Jeux. La décision de braquer les projecteurs sur l’épreuve féminine a symbolisé l’engagement de Paris 2024 à mettre à l’honneur les athlètes féminines, dans le cadre d’un effort plus large pour l’égalité des genres dans le sport et la société.


Alors directrice exécutive Impact et Héritage de Paris 2024, Marie Barsacq (aujourd’hui ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative) a joué un rôle central dans la mise en place de ces mesures. Juriste de formation ayant auparavant travaillé au développement sportif, elle revient sur les initiatives en faveur de l’égalité des genres mises en œuvre durant les Jeux alors que son mandat de huit ans au sein de Paris 2024 touche à sa fin.

Marie Barsacq

Marie Barsacq a occupé le poste de directrice exécutive Impact et Héritage de Paris 2024, un rôle qu’elle a endossé dès la phase de candidature. Juriste de formation, Marie Barsacq a travaillé pendant dix ans au Comité National Olympique et Sportif Français où elle était en charge des questions d’emploi et de développement professionnel dans le sport avant de rejoindre la Fédération Française de Football. Fin 2024, elle a été nommée ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative dans le gouvernement du Premier ministre français.

Diana Bianchedi

Diana Bianchedi a commencé sa carrière en tant qu’escrimeuse, remportant l’or olympique dans les épreuves par équipes de fleuret féminin à Barcelone 1992 et Sydney 2000. À sa retraite sportive, elle est devenue vice-présidente du Comité Olympique italien pendant cinq ans et a décroché son diplôme de docteure en médecine sportive. Elle est aujourd’hui la responsable Planification et Héritage pour Milano Cortina 2026.

« Le fait d’atteindre l’égalité des genres dans l’aire de compétition a été pour nous un moteur pour introduire des initiatives similaires dans d’autres domaines, explique-t-elle. « Chez le personnel et les volontaires de Paris 2024, c’était du 50-50 entre hommes et femmes et nous avons demandé à nos sponsors de veiller à ce que ce soit également le cas dans les équipes qui travaillaient sur les Jeux. Ce 50-50, c’était la norme. Ça a été la règle et tous ceux qui travaillaient sur Paris 2024 devaient la respecter. C’était très clair et bien connu des parties prenantes, qui se sont engagées à atteindre cet objectif. »

Paris 2024 a également soutenu des projets encourageant les filles et les femmes à adopter une pratique sportive, ainsi que des programmes visant à augmenter la représentation féminine chez les entraîneurs, les instances dirigeantes et les médias. Si l’objectif était de réduire les déséquilibres intrinsèques de la société, des initiatives symboliques ont aussi vu le jour pour susciter des discussions sur l’égalité des genres.

Parmi elles figure le programme qui a mis à l’honneur le marathon féminin, son parcours (retraçant la marche des femmes sur Versailles durant la Révolution française), ou le logo mettant en avant Marianne, symbole de la République française. « Nous voulions démontrer que les femmes peuvent être des leaders, s’exprimer et changer le monde », décrit Marie Barsacq.

Ces initiatives symboliques ont attiré l’attention sur les mesures prises par Paris 2024 en matière d’égalité des genres et Marie Barsacq encourage Milano Cortina 2026 à suivre une stratégie similaire.

Ayez de l’ambition, n’abandonnez jamais et mettez en avant des initiatives symboliques qui créent de la couverture médiatique, mettent la pression sur les parties prenantes et les encouragent à être davantage progressistes et actives sur l’égalité des genres.

Marie Barsacq - Ancienne directrice exécutive Impact et Héritage de Paris 2024 et ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative

Son discours est suivi avec attention par Diana Bianchedi, responsable Planification et Héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de Milano Cortina 2026, qui a remporté deux médailles d’or olympiques en escrime durant sa carrière avant d’intégrer le monde de l’administration du sport à sa retraite sportive.

S’il n’y aura pas le même nombre d’athlètes masculins et féminins, cette édition affichera tout de même 47 % de femmes, faisant de Milano Cortina 2026 les Jeux Olympiques d’hiver les plus paritaires de l’histoire. Les organisateurs poussent aussi pour une représentation féminine plus élevée dans leurs équipes et encouragent les femmes à endosser des rôles d’entraîneuses et de dirigeantes dans le sport.


« Notre objectif était de dépasser les 40 % de femmes dans nos effectifs, précise Diana Bianchedi. Aujourd’hui, nous en sommes à 51 %. Nous travaillons aussi d’arrache-pied sur ce point en proposant des formations sur l’équité entre les genres, le leadership féminin et la protection dans le cadre du processus d’intégration du personnel. Ce type de formation sera aussi étendu à nos bénévoles, car nous avons pour objectif de sensibiliser 18 000 personnes à ces questions et de leur transmettre des connaissances pour favoriser une nouvelle vague de citoyenneté active. Conformément à notre objectif de sensibilisation, nous travaillons également en étroite collaboration avec nos partenaires afin de les encourager à soutenir des projets en faveur de l’égalité des genres. En Italie, il n’y a qu’une seule instance dirigeante nationale présidée par une femme. C’est pourquoi, en collaboration avec le Comité Olympique italien, nous faisons la promotion et formons davantage de femmes pour qu’elles accèdent à des postes de direction dans le sport. Nous essayons aussi d’améliorer le nombre d’entraîneuses. »

Comme Paris 2024 auparavant, Milano Cortina 2026 vise à transformer certains espaces publics afin d’encourager les femmes à faire du sport. « Nous travaillons sur un programme d’héritage afin de promouvoir la création d’espaces pour pratiquer une activité sportive, précise Diana Bianchedi. En Italie, la tranche d’âge des 35 à 50 ans est la moins active et cette sédentarité touche majoritairement les femmes.

« Par exemple, si nous créons un espace dédié à l’activité physique dans un parc, le nombre de personnes qui l’utilisent augmentera. Mais beaucoup de femmes n’iront pas au parc le soir, car elles ne se sentiront pas en sécurité. Nous devons prendre en compte que leurs besoins sont différents et les intégrer dès la conception de ces programmes. »

D’autre part, afin de lutter contre les différences fondamentales entre la représentation des athlètes masculins et féminines, Milano Cortina 2026 a fait traduire en italien les Directives du CIO pour une représentation égalitaire, équitable et inclusive des genres dans le sport. Ce document a été publié durant Paris 2024, encourageant une parité plus égale avant Milano Cortina 2026.

Paris 2024 a été une source d’inspiration pour les organisateurs, notamment en matière d’initiatives pour l’égalité des genres. Plus de 200 représentants de Milano Cortina 2026 se sont rendus à Paris dans le cadre du programme des observateurs du CIO. Ils en sont repartis avec de précieux enseignements sur l’organisation des Jeux.

L’expérience que nous avons vécue à Paris a été très importante. Expérimenter sur place l’impact global des Jeux a été vraiment utile pour l’ensemble de l’équipe. Parfois, nous sommes tellement pris par des détails logistiques que nous en oublions qu’il s’agit d’une opportunité de promouvoir des messages puissants à l’échelle mondiale. Par exemple, le fait d’avoir un homme et une femme comme porte-drapeaux envoie un message essentiel. Nous avons également vu l’importance de soutenir les athlètes féminines qui sont mères, en leur permettant par exemple d’avoir leurs enfants avec elles au village olympique. C’est quelque chose que nous allons aussi mettre en place.

Diana Bianchedi - Médaillée d'or olympique et responsable Planification et Héritage pour Milano Cortina 2026

Milano Cortina 2026 devrait faire vivre l’héritage en matière d’égalité des genres de Paris 2024, même si Marie Barsacq estime que les Jeux ont déjà eu un impact positif sur la société française.

« Nous avons travaillé dur pour que les Jeux soient un succès et je suis fière de ce que nous avons accompli, confie-t-elle. Nous étions des rêveurs. Lors du processus de candidature, nous avions de grands objectifs, de grandes ambitions et une vision claire de ce à quoi devrait ressembler le sport après les Jeux. Je pense que nos efforts et notre énergie collective ont réussi à faire bouger les lignes. Je crois qu’un changement s’est produit en France. Nous avons beaucoup parlé d’égalité des genres avant les Jeux. Les médias se sont beaucoup intéressés à la parité du nombre d’athlètes sur le terrain et, grâce à cela, nous avons eu l’opportunité d’expliquer pourquoi nous devions donner la priorité à cette question dans les espaces publics, les cours de récréations et au sein des fédérations. Un héritage fort devrait en découler. Nous avons créé des programmes concrets et soutenu beaucoup d’organisations qui sont actives au quotidien sur cette thématique-là. Elles ont dorénavant la capacité de développer leurs programmes et de faire partie d’un héritage encore plus riche. »

Malgré les succès de Paris 2024, il reste une marge de progression significative pour faire avancer la parité au sein du Mouvement olympique, notamment dans l’entourage des athlètes, les instances dirigeantes et les médias. Diana Bianchedi en est consciente, mais reste optimiste et croit que les futurs Jeux Olympiques marqueront un tournant.

« Il y aura un avant et un après Paris 2024 et Milano Cortina 2026 : jamais, dans l’histoire des Jeux, un tel équilibre entre les genres n’a été atteint, souligne Diana Bianchedi. Il a fallu des décennies pour en arriver là, nous avons désormais le devoir de construire l’avenir sur cette base d’égalité. »

Plus important encore, à l’instar de Marie Barsacq et des organisateurs des Jeux Olympiques de Paris 2024, Diana Bianchedi reconnaît le potentiel de l’accueil des Jeux sur la promotion de la parité dans le sport et dans la société en général.

« C’était une formidable opportunité, conclut-elle. À travers le sport, nous parlons au monde entier et cela facilite le partage des valeurs de respect, d’amitié et d’égalité. »

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